Annuaire et actualités de Rambouillet

Changez la taille du texte

Retour

La traversée de l’Atlantique nord en cargo (2)

La traversée de l’Atlantique nord en cargo Retrouvez notre série d'articles consacrés à la Belle Province, avec un récit de traversée de l'Atlantique en 5 parties...


La traversée de l’Atlantique nord en cargo (2)

La Gaspésie, rive sud du Saint-Laurent

Vendredi 23 juillet 2004

La traversée de l’Atlantique nord en cargo
Journal de Bord (2/5)

Par curiosité et par esprit d’aventure, j’ai décidé au moment où je devais quitter Montréal pour rejoindre l’Europe de voyager en cargo. Avant de mettre le pied sur le pont du CMA-CGM Tage, je ne connaissais rien de la marine marchande, et n’avais pour toute expérience de la mer qu’une traversée de la Grèce à la Crète en ferry. Je vous présente ici la retranscription de mon journal de bord, jour par jour, découverte par découverte. Certaines de mes premières impressions n’étaient pas fondées et nombre de mes préjugés se sont également révélés faux.

3ème jour
À la découverte du Tage

5h Sur la passerelle. Le soleil se lève sur la Gaspésie. Avec le Second et deux hommes d’équipage nous scrutons les eaux du fleuve à la recherche de baleines. Hier soir, après Escoumins, le second a vu des bélougas. Le Saint Laurent commence à ressembler à l’océan.

Nous profitons de ces instants de calme pour parler du CGA-CGM Tage. Le navire assurait par le passé la liaison Antilles-France métropolitaine. Sur cette ligne, les 12 cabines passager étaient souvent occupées.

La compagnie CGA-CGM a 157 navires, dont certains sont seulement affrétés, mais portent tout de même ses couleurs.

Nous avançons à 21 nœuds.

Le Tage a été conçu pour les traversées transatlantiques. Sa construction a été confiée aux Chantiers de l’Atlantique de Saint-Nazaire d’où il est sorti en 1980.

De l’avis du Second, Saint-Nazaire est un des tout meilleurs chantiers du monde. D’ailleurs, n’a-t-il pas été choisi pour la construction du Queen Mary II ? En 1980, les chantiers traversaient une période de crise. La CGM, qui était alors une entreprise nationalisée (avant son association avec la CMA) fit construire le Tage, ainsi que son jumeaux, le Potomac. Le Tage a donc 24 ans, il n’est pas récent et demande beaucoup d’entretien, mais les espaces de vie à bord sont plus grands que sur les navires construits plus récemment. Le château est large de 25 mètres environ.

Le Tage transporte actuellement 419 conteneurs (environs 5000 tonnes). Certains conteneurs sont vides. Nous avons actuellement 7000 tonnes de ballast.

L’entretien du navire nécessite, en plus de l’huile de coude, une quantité importante de produits divers. La compagnie grimace parfois devant l’importance des commandes. Mais, lors d’une visite surprise, le n°2 de la CGM-CMA a pu se déclarer très satisfait de l’état général du Tage. Le fait est que le navire est propre et salubre et que mes premières impressions, fausses, n’étaient dues qu’à ma parfaire ignorance de ce qu’est un cargo.

8h40 Sur la passerelle. A partir d’aujourd’hui, nous avançons nos montres d’une heure chaque jour, pendant 6 jours, pour compenser le décalage horaire entre le Canada et la Belgique. Le vent semble avoir forci un peu, les vagues se creusent. Il fait beau, toutefois la température a singulièrement baissé. Un peu de vapeur se forme quand j’expire.

Le fleuve est de plus en plus large. On ne voit plus la rive nord et la rive sud s’éloigne d’heure en heure.

Je n’ai encore visité aucun endroit silencieux. J’ai du glisser une feuille de papier pliées en huit entre la porte de ma cabine et le chambranle pour qu’elle cesse de faire du bruit. Les vibrations du moteur sont continuelles.


A gauche : Vers la proue, en passant sous les conteneurs

9h A la proue du navire. Pour parvenir jusqu’à l’avant du Tage par le pont principal, j’ai du passé sous trois hauteurs de conteneurs. C’est impressionnant. Tout ici est démesuré. Les ouvertures qui permettent le passage des amarres sont assez grandes pour qu’un homme puisse glisser à travers. Et que dires des deux ancres et de leur chaîne ?!

Nous sommes au sud de l’île d’Anticosti, mais elle est bien trop loin pour qu’on puisse l’apercevoir. A tribord, la Gaspésie disparaît lentement. Au revoir, Québec.

Sur la passerelle. Bonne humeur et discussion joyeuse entre le Capitaine, le Second et le Chef. Blagues et rires, le tout en roumain.

De l’écume, mais toujours pas de baleine. Nous doublons lentement un autre cargo. Le Capitaine a quitté son uniforme. Il était le seul officier à en porter lors de l’escale au port de Montréal.

Je fais la connaissance du Chef Mécanicien, Voditâ Aurel. C’est un personnage étrange, au visage fin et angoissé. Le Chef Mécanicien est le plus gradé après le Capitaine. Contrairement au Second, il n’est pas un officier de pont, mais un officier de machine. Il existe une école spécialisée en Roumanie pour la formation des Chefs Mécaniciens, mais lui en tant que polytechnicien n’a pas eu à y passer. Il me décrit son grade, que je ne verrai jamais : 4 barres blanches sur une épaulette rouge.

« Le bateau est une prison volontaire » lance-t-il dans un rire crispé.


A droite : Une des deux ancres est au bout de cette chaîne

11h20 Sur la passerelle. Le temps est très clair. L’océan nous entoure complètement. Cette immensité a quelque chose d’inquiétant. A regarder les vagues, on se perd aisément en pensées. L’océan se transforme alors en formes mouvantes, l’écume apparaît et disparaît : une œuvre graphique en perpétuelle évolution.

Le Commandant commence d'ores et déjà à préparer les commandes de vivres pour l’équipage qui doit relever le sien à l’issue de cette traversée. L’équipage est en mer depuis environ 4 mois. A l’arrivée à Hambourg, ils seront en vacances pour deux mois. Avant, il y avait à bord un Officier Radio et un Officier Intendant. Depuis quelques années, l’économat et les communications sont de plus en plus souvent confiées au Capitaine Commandant, ce qui augmente considérablement sa charge de travail, puisqu’il demeure responsable de la navigation, du commerce et de la sécurité. Il semble que les compressions de personnel existent en mer comme à terre.

J’apprends par le Second que le pilote automatique est désormais enclenché. De début juin à fin octobre, c’est une période calme pour l’atlantique nord. En hiver, c’est une autre paire de manches, on utilise alors un service météo spécial et payant qui conseille aux Capitaines des routes à suivre. Les prévisions se font sur 8 jours. Du beau temps est prévu pour la semaine à venir. J’aurai l’occasion de voir par moi-même pourquoi on dit que le temps change vite en mer. En cette saison de dégel, on surveille tout spécialement la zone d’icebergs. Des morceaux de banquise se détachent au printemps et dérivent vers le sud. Il faut garder une distance de sécurité entre la zone d’icebergs et nous.

Un barbecue est prévu pour dans trois jours, pour fêter les vacances de l’équipage et l’anniversaire du Second. C’est une des rares occasions où tout l’équipage, exceptés les hommes de quart, se réunit.

Le Capitaine évoque les difficultés du métier de marin, notamment celle de conserver une vie sociale à terre, quand on est si souvent parti en mer. Mais, « Quand tu as goûté à l’eau de mer, tu n’es plus jamais le même. Tu n’es plus terrien, tu es marin. »

Il en découle qu’à bord une vie sociale satisfaisante et la solidarité légendaire entre marins sont primordiales. L’équipage se retrouve tous les soirs pour jouer au ping-pong ou aux échecs. Il semble toutefois qu’une réelle barrière sépare les officiers du reste de l’équipage.

Toujours à propos de la solidarité entre marins, le Capitaine me parle d’un ami à lui, lequel a sauvé la vie d’un skipper de la Route du Rhum, dont le voilier avait perdu son mat et s’était retourné.

Lui-même, une fois, a dérouté son cargo pour porter secours à un voiler en détresse. Il y avait 7 personnes à bord. Elles se rendaient à New York. Le mat s’était brisé. Le voilier avait du traverser une tempête "au moteur". Le réservoir étaient à sec. L’équipage ne voulant pas abandonner le navire, « un très beau voiler, très cher », le cargo l'avait ravitaillé en vivres et en carburant avant de continuer sa route.

19h Message à l’intercom, en roumain. Je déduis que l’on vient d’avancer d’une heure. Il est donc 20h.

Dehors, l’océan partout, à perte de vue. Le navire roule un peu plus.

23h50 Sur la passerelle. Les lumières sont éteintes pour ne pas gêner l’observation de l’océan. Il y a un autre navire au loin, à tribord. A part ses lumières, l’océan est complètement noir. Le temps est dégagé, le ciel étoilé.

Un rideau noir opaque est tiré entre la table de navigation et le poste de pilotage d’où l’on observe les alentours.

Le Lieutenant de Navigation est de quart. Il se nomme Trandafir Mihai Laurentui (Littéralement : Rose Michael Laurent). Il me montre notre route sur la carte, éclairée d’une simple lampe. Nous sommes au sud de la fameuse zone d’icebergs de Terre Neuve. Il me montre également le tableau de commande du stabilisateur de roulis qui ne fonctionne plus depuis 10 ans. Il m’assure que ce n’est pas dangereux, mais que les jours de grand roulis personne ne parvient à dormir.

L’ambiance sur la passerelle est calme et étrange. Bien qu’elle soit en haut du château, les vibrations du moteur y parviennent comme partout ailleurs sur le navire. Le silence, donc, n’existe pas.

Comment ne pas être troublé par le sentiment de solitude et d’isolement au milieu de cette immensité noire dont on peut prendre la mesure et éprouver la réalité sur la carte de navigation ?

4ème jour
Visite de la salle des machines

Réveillé à 8h30. Le ciel est bleu à travers la condensation translucide sur les hublots. De l’eau s’accumule dans le large rebord de la fenêtre. J’aime monter sur la passerelle au matin et boire un café avec l’officier de quart. Le Capitaine et le Second sont là.

Soudain, à tribord, à 30 mètres à peine : une baleine expulse de l’air dans un « geyser ». Tout le monde se précipite à l’extérieur, mais la baleine disparaît bientôt pour ne plus réapparaître. Depuis que nous avons vu une baleine, mes yeux en voient partout. Une vague ? Un peu d’écume ? J’ai l’impression que le dos d’un rorqual va apparaître…

Sur le 2ème pont des hommes d’équipage repeignent une balustrade en jaune.

Depuis notre départ, un pigeon semble figé sur un des conteneurs. Il change toutefois de place de temps en temps. Il a l’air plutôt dépressif. J’apprends par le Second que dans le port de Montréal un autre pigeon est mort écrasé par un conteneur, malgré les efforts du grutier pour le faire déguerpir. Peut-être que celui que je vois aujourd’hui attend désespérément l’autre. On dit que les pigeons sont fidèles à leur amour toute leur vie.

Il fait 10,6°C et l'eau est à 9,6°. Tout est bleu, le ciel comme l’océan.

15h30 Le Lieutenant de Sécurité vient de nous dispenser, à Sylvia et à moi-même, les consignes de sécurité. La réunion a été courte et claire : comment mettre le gilet de sauvetage ; le signal d’alarme et d’incendie sonne 7 fois court et 1 fois long, celui de « tout le monde à son poste » sonne 1 fois long et le signal d’abandon du navire est toujours donné à la voix par le Capitaine.

Il y a à peine deux jours, j’avais du mal à me retrouver dans les méandres du château. Je pourrais maintenant me rendre à ma cabine, sur la passerelle, à la salle à manger ou au central radio les deux yeux fermés. Enfin, disons, avec un œil fermé.

Nous naviguons à 20 nœuds avec une très bonne visibilité, c’est-à-dire une visibilité de 5 milles. Tout à l’arrière, l’eau file sous le navire.

16h30 Sur la passerelle. Des baleines à bâbord, à tribord et devant, des baleines partout !!! J’en compte au moins cinq. Elles font un geyser, replongent et réapparaissent un peu plus loin. Tout le monde sur la passerelle scrute alentour avec des jumelles ou à l’œil nu. L’enthousiasme général me donne à penser que c’est un spectacle dont on ne se lasse pas.




J’explore les ponts en passant par l’extérieur. Je croise toutes les cinq minutes un homme d’équipage avec un pinceau à la main. Ils profitent du beau temps pour faire de l’entretien extérieur. Le vent frais du large est agréable.

17h Visite de la salle des machines avec le 1er Chef Mécanicien. Il parle français. La salle des machines est très bruyante. L’odeur d’huile et de mécanique, les vibrations sont naturellement plus présentes ici que partout ailleurs. Le moteur qui entraîne l’hélice principale du Tage a 9 cylindres et développe 33000 chevaux. Il consomme quelque 95 tonnes de carburant par jour. (Les plus grands porte-conteneurs peuvent consommer 300 tonnes par jour, m’avait précisé le Second.) Deux autres petites hélices, une à l’avant l’autre à l’arrière servent uniquement pour les manœuvres dans les ports. Grâce à elles, le navire peut tourner sur lui-même ou s’approcher du quai sans que l’assistance de remorqueurs soit indispensable.

L’endroit est sinueux. Six autres gros moteurs servent au fonctionnement du navire : électricité, pompage, etc. La production d’électricité à bord nécessite 4 tonnes de fuel par jour.

A l’arrière, l’arbre d’hélice paraît tout simplement hors de proportion. Difficile de s’y retrouver dans tout cet enchevêtrement de tuyaux et de câbles. « Même le mécanicien ne s’y retrouve pas toujours », plaisante le 1er Chef. La salle de commande des machines, contiguë à la salle des machines ressemble aux postes de commande des centrales nucléaires tels qu’on nous les présentait à la télévision dans les années 80.


Gauche: Le moteur à 9 cylindres du Tage. Droite : La "direction assistée" du gouvernail

Gauche: Un des 6 autres moteurs annexes. Droite : Salle de commande des machines

Nous avons dépassé la zone d’iceberg, nous remontons donc vers le Nord. Le soleil se couche à bâbord arrière. Sans doute par manque de repères visuels, il semble disparaître presque soudainement. Pour la deuxième fois, aujourd’hui nous avons perdu une heure.

23h50 Sur la passerelle. L’officier de quart et son timonier veillent en silence. Il fait trop sombre pour distinguer leur visage. J’aime voir l’océan dans le noir. Le timonier me dit que la nuit, c’est toujours le même film qui passe. Le ciel est très dégagé. Je lui réponds que ce soir, il y a des « stars » dans ce film. Il compare ce spectacle quotidien avec l’unique chaîne de télévision roumaine, très ennuyeuse, du temps du communisme. Un seul programme l’intéressait alors, les 15mn hebdomadaires de dessins animés. « Pas des Tex Avery, précise-t-il. Ils étaient considérés comme des dessins animés capitalistes. » Ceausescu est mort en 1989. Il me vient à l’esprit que tous les marins à bord du Tage ont connu sa dictature.

5ème jour
Et rien ne se passe

8h15 Dans ma cabine. J’écope devant mon hublot, dont le large rebord est incliné à dessein de recueillir l’eau de la condensation et de l’infiltration. Le Tage contrairement aux navires récents n’a pas l’air conditionné. Il fait souvent trop chaud, et il arrive à Sylvia d’avoir froid. Avant d’être rebaptisé, Le Tage s’appelait le Fort Desaix. Il battait alors pavillon français et son équipage était également français. Il navigue à présent sous pavillon panaméen avec un équipage roumain (Sic).

Le Capitaine me disait, il y a deux jours, que les équipages roumains n’étaient pas encore payés comme les équipages français, mais que peu à peu, prouvant leur valeur, les écarts de salaire se réduisaient.

9h30 Sur la passerelle. Le temps qui était gris jusqu’à présent, se lève. Le ciel s’éclaircit. Le timonier avec qui j’ai discuté hier soir, nettoie et graisse un grand nombre de cadenas. Ils servent à verrouiller les issues quand le navire est à quai.

La température de l’air est de 11,6°C, celle de l’eau est de 10°C

Le château du Tage à 8 ponts au dessus de la coque. Le pont principal est celui sur le quel sont arrimées les passerelles et qui permet de joindre la proue à l’air libre tout en passant sous des conteneurs. Sur le pont supérieur se trouve notamment des salles pour le personnel d’exécution, l’hôpital (que je ne verrai jamais), la cambuse, la chambre froide et la soute à linge. Le 1er pont donne accès aux embarcations de secours, à l’armoire incendie principale, à un atelier de bricolage et à des cabines du personnel d’exécution. Les salles à manger, celle du personnel d’exécution comme celle des officiers, se trouvent sur le 2ème pont. On y trouve également la salle de sport et son unique équipement, la table de ping-pong, la salle de récréation des hommes d’équipage et les cuisines.

Le 3ème pont est entièrement consacré aux cabines des passagers, si on fait exception du salon fumoir équipé en télé et vidéo. Les cabines du Second Capitaine, des Lieutenants, et du Second mécanicien, également appelé 1er Chef, sont sur le 4ème pont. On trouve sur le 5ème pont la cabine du commandant, son salon et bureau, ainsi que celui du Chef Mécanicien et le central radio.

Enfin, la Passerelle occupe le 6ème pont, au dessus duquel se trouve la passerelle supérieure en plein air. Certaines parties du navire me sont familières, mais je découvre encore des endroits inexplorés.

12h10 Sur la passerelle. Finalement le temps est redevenu gris. Le Tage tangue et roule un peu plus. La partie supérieure du mât avant passe inlassablement au dessus puis en dessous de l’horizon.

Je me rends à l’avant du navire ou l’on sent mieux le tangage. Près de la cloche de cuivre sur laquelle est gravée « Saint Desaix, 1980 », les embruns humidifient mon visage.

Sur le pont supérieur, les conteneurs posés sur les panneaux de cale grincent. Rien d’alarmant, mais la taille de ces derniers et ce grincement incitent à presser le pas.

Sylvia et moi déjeunons avec le Capitaine, le Chef et le Lieutenant de Sécurité. « Le barbecue de demain sera une grande fête. C’est l’anniversaire du Second et nous venons d’apprendre que nous débarquons à Anvers. » annonce le Capitaine. Un autre équipage roumain les relèvera pour conduire le navire jusqu’à Hambourg. L’équipage est donc en vacances un peu plus tôt que prévu.

Je demande au Capitaine si il accepterai un entretien en tête à tête afin que je puisse tracer son portrait. Il m’explique ses réticences dues à sa position : entre les intérêts de la compagnie et ceux de l’équipage. Je referai en vain quelques tentatives d’entretiens formels avec lui comme avec d’autres officiers. Est-ce une pudeur culturelle ? Ou une pudeur de marin ? Ou encore une méfiance envers les journalistes ?

Je n’ai pas reçu de mél en réponse au mien. Peut-être demain. Je commence à comprendre, par l’expérience, l’importance des correspondances avec la terre.

Le Second me propose de visiter une partie des cales demain. Rendez-vous est pris.

Les mouvements du navire évoquent les turbulences d’un avion, mais en plus ample. Je fais de courtes nuits et de nombreuses siestes. J’intègre peu à peu les bruits du Tage. Les mouvements de la mer, quand ils ne te rendent pas malades, semble-t-il, te bercent.



(à suivre dès lundi...)

Nicolas Humbert
Partagez cette page :