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Interview : Jean Rochefort, un homme d'action

A l'aube de ses 77 ans printemps, si Jean Rochefort est aujourd'hui en retrait de la scène théâtrale, il nourrit de nombreux projets cinématographiques. Entretien.


Interview : Jean Rochefort, un homme d'action

Jean Rochefort, un homme d'action.

« Ne le dis à personne », « Désaccord parfait », deux films sortis sur les écrans récemment dans lesquels ce boulimique de travail incarne des personnages clefs. A l'aube de ses 77 ans printemps si Jean est aujourd'hui en retrait de la scène théâtrale, il nourrit de nombreux projets cinématographiques. Résidant à quelques kilomètres de Rambouillet depuis de nombreuses années, il n'est pas rare de le croiser au Vox Odéon lors d'une projection. Rencontre avec un homme sur lequel le temps glisse sans aucune prise.
Gaël Cotonnec : Nous sommes chez vous, entourés de vos chevaux, cette passion est elle née avant celle de la scène ?

Jean Rochefort : « Non, en fait je n'ai découvert le cheval que lors du tournage de Cartouche. Mais ce fut un véritable coup de foudre qui ne m'a plus jamais quitté. »

G.C. : Le métier d'acteur est donc votre premier « amour » mais comment avez-vous attrapé le virus?

J.R. : « La vocation est née dans la tête d'un gamin de 14 ans. C'était une idée étrange, d'autant plus que je vivais en province, dans un milieu et à une époque où ce métier était ignoré. Mon père était anéanti, il aurait préféré une guerre Russo-Américaine plutôt que de me voir sur une scène et ma mère était angoissée. A cette époque et encore maintenant ce métier magnifique était un métier de romanichel. »

G.C. : Néanmoins vous avez persisté pour faire ce métier, comment vos parents l'ont-ils vécu par la suite?  

J.R. : « Ils auraient souhaité que je fasse autre chose. C'était très mal considéré d'autant plus que j'ai un frère qui a fait des études plus que brillantes et qui est entré dans la Marine. Ma mère par la suite est venue me voir la première jouer sur scène, mon père quant à lui à mis des années avant de venir me voir à son tour. D'ailleurs il a été un peu flatté quand j'ai commencé à être connu. Le temps avait passé, les mœurs avait changé et le regard sur le métier d'acteur aussi avait changé.»

G.C. : Vous tournez toujours beaucoup de films, mais avez-vous une idée du nombre total des vos apparitions à l'écran ?

J.R. : « J'ai dû faire 140 films je crois, téléfilms compris, sans compter mes vingt- cinq à trente années de théâtre, en jouant tous les soirs ! »

G.C. : Vous tournez entre deux et trois films par an, c'est presque une boulimie, qu'est ce qui vous motive à ce point?

J.R. : « Je crois qu'en premier lieu j'ai la chance d'avoir gardé une curiosité totale pour tout ce qui et nouveau, d'ailleurs peut-être est ce les chevaux qui m'ont appris cela. Je ne ressens pas du tout l'érosion psychique qui pourrait être liée à mon âge ! Je garde une grande curiosité envers les générations plus jeunes qui me le rende bien au travers d'une sorte d'amitié. »


"Jean Rochefort et Nashville " photo © Gaël Cotonnec

G.C. : On a pu noter qu'actuellement vous travaillez beaucoup avec de jeunes artistes, Guillaume Canet, Vincent Delerm, pour ne citer qu'eux, comme si le temps n'avait pas creusé ce fameux fossé entre générations ?

J.R. : « C'est vrai que je travaille beaucoup avec des jeunes, je peux passer deux heures avec Mathieux Chedid par exemple sans avoir l'impression qu'il s'ennuie avec moi tandis que lui me passionne. Vincent Delerm est ami, nous avons de nouveaux projets ensembles même si je ne sais pas si je vais avoir le temps ! Ces rapports sont un grand privilège. »

G.C. : Petite confidence, dans les temps à venir avez-vous un nouveau projet avec un jeune artiste, chanteur ou réalisateur ?

J.R. : « En effet, Guillaume Niclou que j'ai rencontré à vingt ans place du Trocadéro pour l'anecdote et avec qui je suis très ami, écrit des romans policiers et réalise maintenant des films importants, dont un d'ailleurs tourné en Mongolie avec ma chère Monica Bellucci (Le Concile de Pierre). Il refait un autre film et souhaite que j'incarne un personnage. Il a su me persuader et d'ici quelques jours je jouerai à nouveau devant sa caméra. Ce sera un rôle secondaire car un rôle principal aurait été trop lourd à porter aussi rapidement, et j'aurais le plaisir de jouer avec Guillaume Canet, qui est un peu mon filleul dans ce métier. Je trouve vraiment cette collaboration intergénérationnelle extraordinaire. »


photo © Gaël Cotonnec

G.C. : Malgré cette activité débordante et au vu d'une carrière plus qu'honorable, vous n'éprouvez jamais l'envie de tout arrêter ?

J.R. : « Non, je pourrais éventuellement faire autre chose au sein du spectacle, peut-être ne plus jouer, mais entreprendre, monter des spectacles, rassembler des gens sur différents thèmes et faire naître un film ou une pièce de théâtre. J'espère pouvoir continuer à le faire tant que j'en aurais les capacités. Mais mettre les charentaises au pied de la cheminée ce serait vraiment douloureux pour moi, pourvu que ce soit le plus tard possible ! »

 

Les grandes dates de Jean Rochefort :

  • 29 Avril 1930 : naissance à Paris
  • 1949 : Jean rochefort entre au Centre d'Art Dramatique de la rue Blanche ( comme Bernard Blier,Charles Aanavour,Jean Poiré , michel Serrault etc... ), puis au Conservatoire National.
  • 1953 : Rejoint pour sept ans la Compagnie Grenier Hussenot.
  • 1960 : Jean rochefort débute ses activités cinématographiques, il épouse Alexandra Moscwa.
  • 1962 : Naissance de sa fille Marie.
  • 1965 : Naissance de son fils Julien.
  • 1974 : Passe derriere la camera pour réaliser un documentaire .
  • 1976 : César du Meilleur second rôle pour Que la fête commence du réalisateur de Bertrand Tavernier
  • 1977 : César du Meilleur acteur pour le Crabe Tambour de Pierre Schoendoerffer

 

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