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Interview : Le cheval, Sauvat, l'homme

Peintre, sculpteur, enseignant, cavalier, Jean-Louis Sauvat est un homme de passions. Artiste talentueux et attachant, de dimension internationale...


Interview : Le cheval, Sauvat, l'homme
 

Le cheval, Sauvat, l'homme.

Peintre, sculpteur, enseignant, cavalier, Jean-Louis Sauvat est un homme de passions. Artiste talentueux et attachant, de dimension internationale, s'il est essentiellement connu pour ses peintures et ses sculptures sur le thème du cheval, son exposition au Palais du Roi de Rome de Rambouillet (11 Novembre - 3 Décembre) est aussi l'occasion de découvrir un autre aspect de ce personnage facétieux. Un peu à l'image de cet animal qu'il aime tant.

Gaël Cotonnec : Afin de mieux comprendre l'influence du cheval dans votre démarche artistique pouvez-vous nous dire pourquoi avoir autant travaillé sur ce thème?

Jean-Louis Sauvat. : «Mon approche artistique du cheval remonte à une quinzaine d'années. Ce sont des amis cavaliers qui me sachant cavalier amateur, passionné de dressage et artiste m'ont incité à peindre et à sculpter des chevaux. J'en ai été très heureux, c'était jubilatoire comme sujet de travail. De plus c'est un thème qui fascine toujours, à tous les niveaux. Les gens, même amateurs étaient fascinés. Du coup c'est cette idée qui m'a lancé sur le plan professionnel. J'ai rapidement commencé à vendre des œuvres, d'abord à des amis, puis lors de salons et d'expositions.»


photo © Gaël Cotonnec Une grande salle du Palais du Roi de Rome de rambouillet



G.C. : Cependant vous auriez pu tout aussi bien développer d'autres thèmes en parallèle, quand on découvre votre travail le cheval y est omniprésent, vous semblez habité par cet animal?

J.L.S. : « En fait cela fait quarante ans que je monte quotidiennement. Mes journées commencent très tôt, je suis au travail à mon atelier dès 9h, après avoir été m'occuper du cheval. J'en ai toujours un au travail confié par un propriétaire auquel je le rends lorsqu'il est prêt . Mais à bien y réfléchir c'est vrai que tout s'est un peu combiné à la même époque, car j'avais été élève de Nuno Oliveira (cavalier de référence dans l'histoire du dressage NDLR) et à ce momen- là j'ai illustré un ouvrage pour lui qui fut d'ailleurs son dernier livre. Le seul inconvénient c'est que cela m'a rapidement catalogué « artiste d'inspiration équine », du coup je me suis retrouvé spécialisé dans ce domaine, étiqueté.»

G.C. : On peut comprendre combien il est difficile de se dégager de cette étiquette que l'on vous attribue, et comment avez-vous supporté de ne faire que cela?

J.L.S. : «Je n'ai pas fait que cela, j'ai aussi d'autres activités. On s'aperçoit que dans tous les domaines il y a des passerelles, l'équitation, le dressage plus particulièrement ont de nombreuses similarités avec l'enseignement. Et je suis aussi enseignant, de fait pour dresser un cheval il y a en premier lieu une réflexion, ensuite une manière spécifique d'aborder chaque animal comme un individu à part entière, ce qui est quelque chose que l'on retrouve complètement dans l'enseignement.»

G.C. : L'idée de mettre en parallèle dressage et enseignement peut paraître un peu dure ne trouvez-vous pas?

J.L.S. : «Concernant le dressage et l'enseignement il ne faut pas oublier que le cheval est lui aussi un maître d'école. On apprend au cheval, mais le cheval nous apprend aussi beaucoup de choses. A l'heure d'aujourd'hui mon expérience me permet d'être suffisamment fin et pointu pour commettre moins d'erreurs qu'à mes débuts, cependant lorsque j'en faisais, la mauvaise réaction du cheval me sanctionnait en retour.»

G.C. : Donc pour vous cette formation auprès des chevaux a été une sorte d'atout dans votre cursus d'enseignant pour mieux comprendre vos élèves?

J.R. : « Oui, car en ce qui me concerne j'ai commencé l'enseignement au même âge où j'ai commencé à pratiquer le dressage. Et pour moi jeune enseignant, je me rendais compte que j'avais des heurts avec des chevaux que j'avais avec des élèves, et l'observation développée auprès des chevaux, tout comme la réflexion menée pour leur dressage m'a appris à gérer ces problèmes. Moi-même j'ai eu deux grands professeurs, le Commandant de Padirac et Nuno Oliveira, tous deux étaient de la même école, plus précisément du même courant de pensée, sauf que l'un était français tandis que l'autre était portugais. Deux cultures différentes mais qui se rejoignaient malgré tout et qui m'ont apporté beaucoup. Ces deux maîtres ont énormément contribué à faire de moi l'homme que je suis aujourd'hui.»


photo © Gaël Cotonnec Jean-Louis Sauvat dans son atelier près de Chartres



G.C. : Aujourd'hui vous enseignez à L'Ecole Olivier de Serres ainsi qu'à l'Académie du spectacle équestre de Versailles. Contrairement aux élèves de l'Ecole Olivier de Serres qui sont sensibilisés et initiés aux arts plastiques, quel intérêt a votre enseignement pour les élèves de Versailles qui eux sont novices dans ce domaine?

J.L.S. : « Les élèves de l'Académie de versailles reçoivent une formation en arts plastiques, une sensibilisation, pour développer leur inventivité et une réflexion par rapport à l'art et ses implications dans leur vie équestre. Prenons l'exemple du dessin, c'est un travail qui développe le sens de l'analyse et pour quelqu'un qui est à cheval cela apprend à voir juste. Cela développe un œil juste et permet l'analyse rapide de son fonctionnement, de son comportement, c'est une qualité à acquérir.»

G.C. : Mais concrètement, vous qui parlez de passerelles, quelles formes prennent-elles avec ces élèves?

J.L.S. : « Il y a des applications pratiques et concrètes que l'on découvre et que l'on développe. Par exemple en ce moment je les fait travailler sur un film d'animation et dans un premier temps l'objectif a été de réaliser pour chacun un cheval dans un matériau intéressant et que j'affectionne qui est le carton. A partir de leurs observations, puis de leurs dessins, ils ont dû reconstituer un squelette. Et malgré le fait qu'ils soient des cavaliers aguerris, cela les a obligé à comprendre certaines choses qu'ils n'avaient pas toujours perçues. L'un d'entres eux m'a, par exemple, demandé concernant l'articulation de l'épaule du cheval quelle était réellement son amplitude de mouvement, question soulevée par l'observation de sa « maquette » alors qu'il monte depuis déjà très longtemps. »


photo © Gaël Cotonnec Les "gribouillages" de Jean-LouisSauvat pendant qu'il téléphone...



G.C. : Pour revenir à l'exposition de Rambouillet au Palais du Roi de Rome, qu'est ce qui vous a motivé pour accepter cette invitation?

J.L.S. : « Si l'exposition de Rambouillet m'a plu c'est que je pouvais y montrer aussi l'autre aspect de mon travail, peinture, pliage, travail du carton, mise en volume, sculptures diverses. C'est vrai qu'il y a peu de chevaux par rapport au reste de ce que j'expose. Je souhaite sensibiliser à nouveau les gens aux autres thèmes de travail qui me sont chers. Actuellement j'ai envie de revenir à des formes un peu monumentales par exemple.»

G.C. : On peut observer au Palais du Roi de Rome que la place des chevaux est minoritaire par rapport au reste de ce que vous exposez. Vous parlez de sculptures monumentales, vous nourrissez un besoin et de nouvelles envies, pouvez-vous nous en parler?

J.L.S. : « Ma femme est passionnée de jardinage, et je l'observe beaucoup, du coup des envies de sculptures à insérer dans le l'univers du jardin me viennent. Peut-être que des formes liées à mon travail sur le pliage, réalisées dans du métal et de grandes dimensions pourraient un jour ponctuer un parcours dans un jardin. C'est une idée qui me plaît beaucoup en ce moment, et c'est vrai que c'est une écriture particulière. D'autres matières m'intéressent, le béton m'attire beaucoup en ce moment, le bois aussi.»


photo © Gaël Cotonnec Travail préparatoire pour une exposition de sculptures sur le thème de l'arbre

G.C. : Il est bien connu que les artistes ont des cycles, des périodes qui correspondent aussi à leur manière de créer et de travailler, serait-ce le début d'une nouvelle ère?

J.L.S. : « J'ai besoin de me renouveler, j'ai même de nouvelles idées pour traiter les chevaux, même si je souhaite entreprendre de nouvelles explorations. Je travaille beaucoup par thème, je vais jusqu'au bout, je les épuise et j'en entreprends un autre, quitte à revenir dessus plus tard. J'ai des périodes et j'ai besoin que les choses bougent. Un de mes artistes préférés est Picasso, pas forcément pour ses œuvres mais pour le sens de sa démarche : "pas de frontières". Il travaillait parfois en s'amusant, dans un mouvement, et j'aime ce jeu, cet abord ludique, car entre l'idée et la réalisation il y a toujours une marge énorme. Parfois certaines œuvres que l'on imagine lors de leur réalisation échappent à leur créateur. Voilà un peu l'état d'esprit dans lequel je travail.»


photo © Gaël Cotonnec Jean-Louis Sauvat dans son atelier près de Chartres

Jean-Louis Sauvat en quelques dates :

  • 19 Août 1947 : naissance de Jean-Louis Sauvat
  • 1953 : Suit les cours des métiers d'arts à Paris et étudie la sculpture aux Beaux-Arts.
  • 1968: Devient le plus jeune professeur d'Arts Plastiques de l'école Nationale des Beaux-Arts, section architecture.
  • 1974 : Devient aussi artiste indépendant et commence à exposer en France et à l'étranger.


photo © Gaël Cotonnec Travail préparatoirepour une sculpture monumentale


photo © Gaël Cotonnec Vue de l'atelier

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